mardi 25 novembre 2008

Irlande. Quelques aquarelles

Ballinskellig Bay, dans le Kerry.
La petite maison blanche qu'on aperçoit est sans doute la plus célèbre d'Irlande. Si ses propriétaires recevaient ne serait-ce qu'un centime chaque fois qu'elle apparaît sur une photo, ils n'auraient probablement plus besoin de travailler!
Ceci dit, vu l'endroit, je ne sais pas trop à quoi ils occuperaient leurs journées, alors peut être qu'ils préfèrent travailler, ou alors faire semblant.



Un Currach. On n'en voit plus beaucoup en Irlande, mais pendant des siècles, ça a été l'embarcation traditionnelle des pêcheurs de la côte ouest principalement.
Sur une armature en bois de bouleau, on tendait une toile qui était ensuite imperméabilisée au goudron. Le résultat était une embarcation très légère (une cinquantaine de kilos pour neuf mètres de long). On pouvait la porter à deux, trois pour les plus feignants, et partir en mer avec ça.
Il existe une version encore plus réduite au Pays de Galles, trois ou quatre mètres, dont le nom a été légèrement altéré en Coracle.
Si vous avez déjà vu l'état de la mer certains jours dans ces parages, imaginez un peu ce que doit ressentir l'équipage au sommet d'une vague.



Staithe. Là, ce n'est plus l'Irlande, c'est le Yorkshire.
Quelques kilomètres au nord de Whitby, station balnéaire où je vous défie de vous baigner, même au plus chaud de l'été local, vous trouverez ce petit port qui semble bien loin de l'agitation de la ville natale de Bram Stoker.

vendredi 14 novembre 2008

Des chats

"Rrrrraou"
I l y a des moments où l'homme blanc que je suis a envie de peindre des sujets qui lui sont plus familiers que les lézards, serpents et émeus.
Malgré tout, il reste dans le style des aborigènes, pointillés et traces symboliques.
Ça donne un tableau assez joyeux, avec des chats espiègles, rigolards et qui ont l'air de nous prendre pour des billes.
Des chats, quoi.


"Le Grand Saint Mistigri"
Une des grandes figures de la mythologie féline : le Grand Saint Mistigri (qui était tellement gentil qu'il ne faisait pas peur aux souris)
On ne sais pas exactement quand vivait Saint Mistigri, ni ce qu'il a fait pour mériter sa béatitude, mais les chats ont tous l'air de considérer que c'était quelqu'un de bien.
Derrière lui, on aperçoit la trace d'une souris (ou alors deux), mais notre saint chat n'en a cure.




"Dream of mouse", "Rêve de souris"
À force d'emprunter aux aborigènes leur technique et leurs codes graphiques, j'ai fini par leur emprunter leurs titres aussi.
Une souris du Dreamland passe derrière un matou endormi. C'est peut être la même que celle qui est passée derrière Saint Mistigri tout à l'heure.
Sauf que là, le Dreamland des chats, c'est vraiment le pays des rêves, et non pas une mauvaise traduction de ce qu'on aurait du appeler "mythologie".

Thèmes inhabituels en art aborigène

On imagine toujours les aborigènes dans un environnement désertique et aride. Certains vivent près des côtes et ont donc des préoccupations maritimes, un peu comme nos bretons.
Les deux crabes que voici ne sont donc pas ce qu'il y a de plus courant en art aborigène, mais ce n'est pas totalement aberrant non plus. Bien sûr, ils sont sur un fond bleu, et l'arrivée de l'acrylique a certainement beaucoup aidé les peintres locaux dans leur recherche de vraisemblance.
Je les ai appelés Pincemi et Pincemoi. Je vous laisse décider lequel est qui : j'avoue que moi même j'ai un peu de mal à les reconnaître.

Encore moins courant est le thème du poisson. Celui ci est très atypique pour plusieurs raisons :
- Le thème et la composition, peu d'aborigènes vivent près des côtes, encore moins nombreux sont ceux qui ont l'occasion d'observer des poissons sous l'eau. Les lignes de pointillés à l'arrière plan font penser à des algues ; je n'ai pas d'exemple à ma connaissance de telles représentations.
- Les couleurs sont très inhabituelles pour des peintres traditionnels.
- Il y a un mélange de deux techniques : le dot-painting et les hachures. En général, les tribus qui pratiquent l'une de ces deux techniques ne connaissent pas l'autre et ont peu de chance d'être en contact avec ses auteurs.

Et voilà deux tortues qui vont se baigner. Cette fois, le traitement de l'image est assez traditionnel avec les lignes de cernes autour des sujets. Ce qui l'est un peu moins, ce sont les petits bouts de pattes ou d'étoile de mer qui s'échappent du cadre.
Si vous les regardez assez longtemps, vous aurez l'impression que les deux tortues sont en train de gigoter.
À l'heure qu'il est, ces deux tortues sont (en compagnie de trois autres de mes toiles) sur un mur en Australie, hé oui ! Qui aurait cru que mes tableaux d'inspiration aborigène seraient un jour achetés par un collectionneur de ce pays là justement ?

Peintures aborigènes traditionnelles (ou presque)


J'ai commencé il y a quelques mois (deux ans et demi je crois) à peindre "à la manière" des aborigènes d'Australie. La technique que j'utilise est appelée "dot painting" : les authentiques aborigènes la pratiquent avec un bâton pour faire des pointillés, tandis que le petit blanc que je suis utilise un bête pinceau (pour faire des pointillés aussi).
Par contre, en ce qui concerne la matière elle même, nous nous sommes rejoints, eux et moi, puisque l'acrylique est maintenant généralisé.
La toile que je présente ici est un thème assez récurrent chez les aborigènes : il s'agit de la "grande fourmi à miel". En effet, certaines variétés de fourmis utilisent quelques individus de la fourmilière comme "garde-mangers". Leur abdomen est donc en permanence rempli d'une espèce de miellat que certaines ouvrières viennent déposer et que d'autres peuvent venir chercher pour se nourrir. L'échange se fait par une espèce de bouche à bouche, connu sous le nom de trophallaxie.
Les aborigènes ne pratiquent pas la trophallaxie, mais ils récoltent le miel tout de même, au grand dam des fourmis.


Les deux serpents que vous voyez à gauche sont aussi réalisés en dot painting. C'est une technique qui se prête assez bien aux écailles...
La bande noire qu'on voit derrière est en fait une trace (de reptile probablement) et les choses presque rondes dans les cercles sont des œufs.
Reste à déterminer si les œufs en question sont à l'un des serpents qui se pavanent sur la toile ou s'ils appartiennent à quelqu'un d'autre, qui risque alors d'être très déçu (enfin déçue) de ne pas les retrouver si nos deux zigotos les mangent.


Autre thème traditionnel chez les aborigènes : les lézards. Ceux là sont autour d'un trou d'eau en train de se désaltérer.
Il y a encore des traces et des œufs dans un coin, mais pour les omelettes, ça doit être assez médiocre.
Comme dans la plupart des peintures aborigènes traditionnelles, les sujets sont ici cernés de lignes de pointillés qui finissent par former des vagues rythmées.
Ces lézards là ont l'air d'être des genres de geckos, de petites bestioles rondouillardes et sympathiques. En tout cas, pas des goannas ou des varans.